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Comprendre et gérer les comportements défis chez les personnes neuro-atypiques : Importance de l’analyse fonctionnelle et de la gestion émotionnelle


Les comportements défis, tels que les crises de colère, l'agitation ou le retrait, sont fréquents chez les enfants et adultes neuro-atypiques, notamment dans les Troubles du Spectre de l'Autisme (TSA) et les troubles du développement intellectuel (TDI). Bien que ces comportements puissent être perçus comme des signes de résistance ou de rébellion, ils sont souvent des manifestations de stress, de frustration, ou de fortes émotions. Dans cet article, nous explorons les causes possibles des comportements défis, l'importance de l'analyse fonctionnelle, ainsi que les stratégies pour gérer ces comportements tout en prenant en compte la dimension émotionnelle. 

1- Comprendre les comportements défis : Définitions et symptômes

Les comportements défis incluent des manifestations telles que l'agitation, la colère, l'opposition ou les crises. Ces comportements peuvent avoir des causes multiples et variées, souvent liées à un aspect physiologique, des difficultés d'adaptation, à un manque de moyens pour exprimer des émotions ou à une réponse à un environnement non adapté. Dans le cadre du TSA et du TDI, ces comportements peuvent aussi découler de troubles de la communication ou de régulation émotionnelle.

​Causes possibles :

  • Douleur ou inconfort physique : Avant de poser un diagnostic comportemental, il est essentiel d'écarter toute cause médicale ou physiologique. Par exemple, une douleur non exprimée (due à un problème physique, une maladie, ou même un inconfort sensoriel) peut entraîner une hausse des comportements défis.
  • Changement dans l’environnement : Les personnes avec un TSA ou un TDI peuvent être particulièrement sensibles aux changements dans leur environnement. Un changement de routine, un environnement bruyant ou mal adapté à leurs besoins peuvent être des facteurs déclenchants.
  • Manque de structure ou d'encadrement : Un environnement peu structuré ou non approprié peut augmenter les comportements défis. Ces personnes ont souvent besoin de repères clairs et de routines bien établies pour se sentir en sécurité et pour gérer leurs émotions.

2- Le rôle des émotions dans les comportements défis

Les émotions sont des indicateurs importants des besoins non satisfaits. Lorsque les individus présentent des troubles de la communication (comme c’est souvent le cas dans le TSA ou le TDI), les émotions négatives peuvent se manifester sous forme de comportements défis. Ces comportements sont parfois une manière pour la personne de faire ressortir un trop-plein d'émotions qu'elle n'arrive pas à exprimer verbalement.

Le rôle des crises :

Les crises peuvent être vues comme des "alertes" ou des signes d’un problème sous-jacent. Elles permettent à la personne d'exprimer sa frustration, sa peur, ou son inconfort. Bien que difficile à gérer, ces crises sont souvent un mécanisme d’auto-régulation face à un trop-plein émotionnel. Une fois que l'intensité émotionnelle a diminué, la personne se sent souvent soulagée.

  • Sécuriser l’environnement : Durant une crise, il est crucial de sécuriser l’environnement de la personne et de garantir sa sécurité. Dans certains cas, attendre que la crise se termine peut être la meilleure solution, à condition que l’environnement soit sécurisé et que la personne soit surveillée.
  • Écouter le message sous-jacent : Plutôt que de réprimer la crise, il est important d'essayer de comprendre le message que la personne essaie de transmettre, notamment en lien avec un mal-être émotionnel ou sensoriel.

3- L’impact des interventions et des changements dans l’environnement

Il est courant d'observer une augmentation temporaire des comportements défis lors de l’introduction d’une nouvelle intervention, d’un changement dans la routine, ou même lorsque des règles sont mises en place. Une hausse de comportements défis peut indiquer que la personne rencontre une difficulté dans son processus d'adaptation ce changement.

Ce phénomène peut être expliqué par :

  • L'anxiété liée à la nouveauté : Un changement dans la structure de l’environnement (nouvelle école, changement de thérapeute, réorganisation de la maison) peut générer de l’anxiété, augmentant ainsi la probabilité de comportements défis.
  • Le processus d'adaptation : Lorsqu'une intervention est mise en place (par exemple, une thérapie comportementale ou une structuration de l’espace), il est normal que la personne traverse une période de frustration avant de s'adapter à la nouveauté. Ces comportements tendent à diminuer à mesure que la personne s’habitue aux nouvelles règles ou méthodes.

4- La prévention des comportements défis : L’importance de l’analyse fonctionnelle

Afin de prévenir l’apparition de comportements défis, il est essentiel de procéder à une analyse fonctionnelle. Cela consiste à observer le contexte dans lequel les comportements apparaissent pour identifier les facteurs déclencheurs et les conséquences qui renforcent ces comportements.

Stratégies de prévention :

  • Analyser les déclencheurs : Observer les situations ou environnements spécifiques qui déclenchent les comportements défis permet de mieux comprendre ce qui se passe et de trouver des solutions pour réduire ces déclencheurs.
  • Mettre en place des stratégies d’adaptation : Une fois les déclencheurs identifiés, il est possible d’adopter des stratégies préventives, comme la modification de l’environnement, l’introduction de routines prévisibles, ou l’utilisation de supports visuels pour aider la personne à comprendre ce qui va se passer.

5. Conclusion : L’importance de l’approche individualisée et bienveillante

Les comportements défis ne doivent pas être considérés comme des signes de mauvaise volonté, mais comme des manifestations d’un besoin non satisfait, d’une difficulté émotionnelle ou sensorielle. Un diagnostic précis et une analyse fonctionnelle des comportements sont essentiels pour identifier les facteurs sous-jacents et mettre en place des stratégies adaptées. Une approche préventive, combinée à une gestion émotionnelle appropriée et à un environnement sécurisé, est la clé pour réduire ces comportements à long terme.

La gestion des comportements défis est un enjeu complexe qui nécessite une compréhension approfondie des besoins émotionnels et environnementaux des individus neuro-atypiques. En étant attentif aux signaux émotionnels et en mettant en place une approche bienveillante et individualisée, il est possible de minimiser ces comportements et d’accompagner au mieux la personne vers un mieux-être.